Si vous suivez mes élucubrations sur Twitter vous devez déjà être au courant que Saeko Doyle et moi-même avons crée un monstre. Enfin, pas vraiment un monstre, mais quand même, on a franchi le pas. On l’a fait.
Non pas comme ça !
Reprenons…
Hot Spot est un dojinshi hentai. Je n’aurai pas je pense à vous expliquer ce qu’est le hentai, mais un dojinshi, pour ceux qui l’ignoreraient encore, il s’agit d’un court manga amateur, imprimé en petits volumes et exposé habituellement lors de conventions dédiées au manga et à l’animation japonaise. Je simplifie à l’extrème car le terme dojinshi englobe aussi d’autres médias, comme la musique, la vidéo, le texte…
Des dojinshi à la française il y en a déjà eu plein, à commencer par ce qu’on appelle par chez nous des fanzines. Mais ce qui s’est le plus rapproché du format japonais récemment reste Sensei & Sempai, un chouette dojinshi pour les amoureux de la licence Onegai Teacher / Ano Natsu de Matteru. Crée par le cercle Esprit Doujin, on peut trouver encore ce dojinshi chez Japan’s Doors
Hot Spot est donc lui aussi un dojinshi, mais avec un contenu pornographique, sur l’univers de Blind Spot, le roman que j’ai écrit et sorti il y a 2 ans (putain 2 ans déjà !) et illustré par Saeko Doyle… Hot Spot est lui aussi dessiné par Saeko et écrit par moi-même !
Des auteurs qui font du hentai de leurs propres séries ! Mon dieu comment c’est possible, c’est intolérable ! C’est inadmettable même ! Pourtant ce n’est pas si incroyable que cela. D’autres auteurs l’ont fait avant, certains sous pseudonyme, d’autres pas…
Comment c’est arrivé ?
Parlons un peu de la génèse ! C’est un discutant avec un certain Angor de Redjak, dont je confonds toujours le pseudo twitter avec l’Angkor Vat pour je ne sais quelle raison, qu’on s’est mis à parler avec Saeko des pairings possibles dans Blind Spot. Il va sans dire qu’en écrivant et en illustrant cette histoire, nous avons développé une certaine affection pour les personnages. Il y en a qu’on aime dessiner ou écrire plus que d’autres, et par conséquent on ne peut s’empêcher de les imaginer dans diverses situations qui ne verront jamais le jour, tout simplement parce que ça ne colle pas avec l’oeuvre originale, ou bien ça ne présente aucun intêret scénaristique et serait du pur fan service…
Du coup on a parlé de pairings, de shipping comme on dit dans les milieux autorisés. Plusieurs idées sont venues, mais l’une d’entre elles a sucité l’excitation de toutes les parties impliquées : le Ayako x Satô. M. Satô est le manager d’Ayako dans le tome 3 de Blind Spot. Saeko était partante à 200%, je l’étais tout autant, et on est partis dans notre délire à imaginer ce que ça pourrait donner.
Pour l’anecdote, on a aussi pensé à du Shizuka x Ayako pour les fans de yuri. Cependant, pour du yuri, on s’est dit avec Saeko que si on devait collaborer de nouveau, cela se fera sur du Eri x Nozomi de Love Live !
L’execution
Pour elle comme pour moi, il y avait de nombreux défis !
- Ecrire du hentai. Mine de rien c’est compliqué ! Il faut faire attention à être crédible, pas trop ridicule, imaginer comment la scène se passerait et surtout la rendre dynamique. Dans la vraie vie, les relations sexuelles ne se passent pas toujours aussi bien que dans les dojinshis (je parle de ceux représentant des situations consensuelles, hein.) J’avais déjà écrit ce genre de récits il y a de cela 15 ans, j’étais donc un peu rouillé même si entre temps j’ai grandi et donc gagné en XP.
- En tant qu’auteur de l’oeuvre originale, il fallait respecter les personnages et les faire agir de façon crédible. Cela nécessitait de se replonger de nouveau dans leur tête.
- Pour Saeko il a fallu dessiner du hentai ! Ca veut dire faire attention à l’anatomie, définir comment on représente les parties génitales… Beaucoup de dessinateurs sont soit trop simplistes soient exaggérément détaillés. Après on aime ou on aime pas, loin de moi l’idée d’emettre un jugement sur les goûts de chacun.
- Pour moi, il a fallu faire des némus, ou un truc approchant. J’étais sensé écrire l’histoire et les dialogues, mais étant donné mes capacités nulles en dessin, j’ai opté pour une écriture de type « script » très légère pour que Saeko puisse se représenter la scène. C’était parfois délicat car, rattrapé par mon envie d’écrire un roman, j’en ai parfois un peu trop dit. Je pense néanmoins que ça a permis à Saeko de bien s’imprégner de la scène que je voulais décrire et surtout de comment rendre les personnages. On doit néanmoins faire attention à garder des bulles de texte simples, des phrases courtes, et éviter les monologues…
- Voulait-on un récit un peu trash ou une histoire 100% vanilla ? On s’est pas posé la question très longtemps : l’un comme l’autre voulions rendre hommage à l’oeuvre originale, rester dans l’esprit gentillet et positif de Blind Spot. Du coup, quitte à ce que ça ne plaise pas à tout le monde, on a vraiment poussé le côté vanilla à fond. Ca ne gicle pas de partout, c’est propre, c’est mignon, bref, c’est le genre de choses qui arrivent trop rarement dans les dojinshi hentai. On a voulu montrer qu’on peut raconter ce genre de choses avec goût et délicatesse. Et même un brin d’humour tout autour.
On a donc dialogué par mail pour mettre au points certaines choses (le style, le nombre de pages, etc.) et j’ai ensuite réfléchi au scénario, qui a tout de suite plu à Saeko. Cette dernière s’est immédiatement mise à dessiner à une telle vitesse que j’imaginais déjà le dojinshi terminé en 15 jours !
En vrai, les némus ont été crées super rapidement et ont permis de se rendre compte qu’il allait être difficile de rendre certains passages comme je le voulais. L’avantage avec Saeko c’est qu’on partage beaucoup d’intêrets communs et qu’on aime certains styles. Bon je ne suis pas porté sur le Boy’s Love comme elle par exemple ou pas aussi fan de Psycho Pass, mais il y a une certaine entente entre nous qui fait qu’on se comprend. Quand l’un écrit quelque chose, l’autre comprend et arrive à représenter exactement ce qui a été dit. Ca a bien marché pour Blind Spot et ça a encore bien marché pour cette fois. C’est exactement pareil avec Sedeto : je la connais bien, elle me connait bien, et pour Eternity on s’entend parfaitement et ce qu’elle dessine répond parfaitement à mes attentes.
Et quelques mois plus tard, le bébé est enfin commandable ! C’est avec une certaine fierté que je vous le présente aujourd’hui. Certes je ne suis pas celui qui a le plus trimé pour qu’il existe, le dessin étant quand même 80% du travail d’un dojinshi (au bas mot) mais comme j’y ai contribué en écrivant le scénario, et que Blind Spot restera je pense l’oeuvre de ma vie, je suis vraiment content de ce qui a été accompli ici. On a réussi tous les deux à rendre ça romantique, doux et mignon !
Et puis Ayako c’est un peu comme notre fille à Saeko et moi, on l’a vue grandir dans Blind Spot, passer de l’adolescence à l’âge adulte, et aujourd’hui on la voit s’envoler et faire son propre nid, c’est très bizarre comme sensation ! Ca grandit trop vite les enfants !
Avant de terminer, un petit mot de Saeko, qui a bien voulu se prêter à l’exercice :
Dessiner Hot Spot fut très fun, parce que M. Satō n’apparait que dans le tome 3 de Blind Spot et que j’aurais tout simplement voulu faire plus d’illustrations avec lui ! Je trouve leur relation très mignonne.
Hot Spot n’est que mon second one-shot, et premier hentai fait sur un coup de tête, mais j’ai toujours voulu en faire un haha.Je n’imaginais pas dessiner quelque chose de trop « trash » pour Ayako j’ai donc décidé de rester dans du soft pas trop détaillé et axé sur leur plaisir à tous les deux J’espère que les lecteurs habitués ou non du genre, filles ou garçons, apprécieront ces quelques pages !
Alors si vous aimez les dojinshi, si le H ne vous dérange pas (voire même bien au contraire), allez donc l’acheter, surtout que comme la Brigade SOS ne fait plus de stand fanzine, je ne sais même pas où on va pouvoir l’exposer en convention ! Le meilleur moyen reste donc de l’acheter en ligne.